Du réferendum

Le traité constitutionnel a été rejeté par 55% des voix contre 45%. Commentaires unanimes des partisans du non : "Une victoire écrasante", "un désaveu des élites politiques", "le gouvernement va devoir entendre les français (Lesquels?) et agir en conséquence"...

Autant de commentaires qui laissent perplexe le partisan du "oui" que j'étais. Il convient de préciser comment je suis arrivé à la conviction qu'il fallait voter "oui" après avoir décidé dans un premier temps de voter non, essentiellement parce que je ne peux me défaire d'une méfiance viscérale à l'égard des organisations internationales quelqu'elles soient. En effet, elles se caractérisent souvent par des budgets importants et par une pléthore de "fonctionnaires internationaux", en charge de sa gestion et généralement extrêmement bien payés (pour ce que j'ai pu apprendre sur les quelques fonctionnaires de l'ONU et/ou de l'UE qu'il m'a été donné de côtoyer)!...D'ici à penser qu'ils ont tout intérêt à "s'auto-promouvoir" pour entretenir leur fond de commerce...il n'y a qu'un pas...De ce point de vue il m'apparaît essentiel de contrôler leur efficacité et celle de ces organisations en comparant "budget de fonctionnement" et "budget d'investissements"!!

Mais j'ai réfléchi, sans perdre trop de temps sur la lecture de ce texte ayant rapidement compris que les finesses juridiques qu'il recelait étaient affaire de spécialiste! Il faudrait être aveugle pour ne pas s'apercevoir que la France, dont l'économie est déjà sur la pente descendante, ne pourra plus jamais, seule, occuper la place qui était la sienne.

Donc pour en revenir aux commentaires sur la victoire du non...

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Une victoire écrasante!?

- Les 55% de "non" sont à rapporter aux 45% de "oui" au plan qualitatif. Dans ces 55% il y a en particuliers  les souverainistes du FN (auxquels il faudrait rajouter ceux de M. de Villiers), dont tout le monde sait qu'ils sont viscéralement contre l'Europe et personne n'ignore, même si nous pouvons le regretter, qu'ils pèsent près de 15% de l'électorat national! Par ailleurs il s'agit d'une catégorie d'électeurs extrêmement disciplinée et il est probable que leur participation a été massive. Leur "non" qui a pesé lourd dans la balance, n'est pas le "non"  des socialistes "dissidents", ni celui de l'extrême gauche. Ce dernier, d'ailleurs, n'est il pas celui d'un dernier carré d'irréductibles, qui n'ont pas compris que le monde avait changé et/ou ne veulent surtout pas se remettre en cause.

- Les 45% de "oui" sont des "oui" nettement plus homogènes, qui expriment, non pas un soutien inconditionnel au texte du traité constitutionnel, mais la reconnaissance d'une avancée notable au plan social, perfectible sans problème majeur, dans un contexte de mondialisation dans lequel les pays européens en général, et la France en particulier  ne peuvent lutter seuls!

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Cette victoire "écrasante" d'un non hétérogène à 55% contre un oui homogène à 45% serait un désaveu cinglant de nos élites politiques!...Je ne les porte pas toutes sur mon coeur, mais je ne sous-estime pas leur évidentes capacités à raisonner un problème aussi complexe que la construction européenne, au moins aussi intelligemment que les leaders du "non". Le bon sens du "peuple", auquel je m'assimile, a ses limites, lorsqu'il s'agit d'envisager un avenir à moyen ou à long terme, tout simplement parce qu'il est plus préoccupé par son quotidien. D'ailleurs je ne suis pas sur que ces élites maîtrisent complètement les conséquences à court terme de cette avancée de l'Europe, mais comme moi, peut être fondent t'elles leur "oui" sur la conviction qu'il nous faut aller de l'avant si nous ne voulons pas aller dans le mur! Prenez le problème des textiles Chinois. Les partisans du "non" croient ils sérieusement que nous allons pouvoir lutter longtemps tous seuls, hors de l'Europe, contre cette concurrence? Comment? En restaurant nos barrières douanières, en continuant à produire notre textile français avec des coûts de production sans cesse croissants et enfin en nous le vendant à nous même faute de trouver des débouchés à l'extérieur!...La Chine est déjà là!...L'Europe vient de perdre une petite dizaine d'années! Personne n'a dit qu'il n'y aurait pas un mauvais moment à passer, mais plus nous attendons plus le réveil sera brutal.

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Enfin, les partisans du "non", fort de cette victoire qu'ils estiment écrasante, prétendent que le gouvernement va devoir, pour une fois, entendre le peuple et en tirer les conséquences. Que voulez vous qu'il entende? Quelles conséquences voulez vous qu'il en tire?...Il ne s'agissait pas d'un scrutin national, même si quelques leaders du "non" ont su en profiter pour améliorer leur position politique, avec une démagogie quelques fois écoeurante. Les plus extrêmistes parmi ces partisans du "non", ont déjà dévoilé leurs intentions en relançant le désordre social!...Ils sont égaux à eux mêmes, champions du corporatisme, ne représentant pas grand monde, mais s'exprimant haut et fort. Que voulez vous que comprennent les Français dans les grèves à répétition de la SNCF par exemple. La 4ème en 6 mois!...Pour réclamer des augmentations de salaire. Je veux bien essayer de croire qu'ils sont dirigés depuis des décennies par des Patrons sans foi ni loi qui les exploitent honteusement au point de les contraindre à faire valoir leurs droits tous les mois et demi...mais j'ai de la peine! Par ailleurs, moi qui fait partie de la "France du milieu", dont on ne parle pas (horaires de patrons, responsabilités... mais salaires, qui avec l'avènement des 35 heures que nous ne pratiquons pas, se rapprochent sans doute d'année en année de celui des employés et des ouvriers!), j'aspire à mieux connaître les traitements et avantages (pas leurs horaires...ceux là je les connais) des grévistes à répétition pour mieux juger du bien fondé des "prises d'otages" qu'ils infligent à 90% de la population, qui n'aspire éventuellement qu'à travailler...Je ne sais pas plus que le gouvernement ce qu'attendent les partisans du "non". Ce que je crains c'est que leurs desidératas est un coût! Il ne reste plus qu'à trouver le financement...Prenons aux riches me direz vous...C'est une idée mais en admettant qu'elle soit réalisable, elle ne durera qu'un temps! Souvent ces gens qui réussissent donnent de leur personne (je doute qu'ils abusent des 35 heures) et ils ne sont pas des philantropes...Ceux sont les mêmes qui produisent de l'emploi et contribuent à la richesse nationale. Pendant combien de temps accepteront ils de se laisser plumer?

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Bref, nous nous préparons à des lendemains qui déchantent!...Un éventuel retour de la gauche au pouvoir ne changera rien au problème. Nous sommes seuls, repliés sur nous mêmes, inconditionnels des droits acquis, incapables d'entreprendre et de nous remettre en cause et pleurnichant sur notre grandeur passée!...Ceux qui ont appelés à voter "non", dont certains pour des raisons mesquines de politique politicienne et d'autres par fidélité à un corporatisme d'un autre âge portent une lourde responsabilité. Les conséquences de leur geste devraient se faire sentir à relativement court terme (Sommet européen du mois de juin?). Nous verrons alors si ils ont l'honnêteté de les assumer, car, pour une fois, ils ne pourront pas s'en prendre au gouvernement, dont tout le monde sait qu'il va défendre "becs et ongles" les intérêts de la France (ne serait ce que par simple calcul électoral)...Mais cette fois ci, dans un contexte dégradé, les pays partisans du "oui" (10 je crois pour le moment, souvent les plus pauvres de l'Union, mais aussi nos partenaires allemands et  espagnols), peut être d'anciens soutiens, n'ont plus aucune raison de nous faire des concessions!!...Et même si quelques pays nous imitent en votant "non", celà n'en fait pas pour autant des alliés inconditionnels, car ils ont leurs propres intérêts (Grande-Bretagne?)! Bref...Le rapport de force, parce que c'est bien de celà qu'il s'agit, risque de ne pas être en notre faveur!