Des "jeunes"

Encore un mot de la langue française détourné de son sens par la quasi totalité de ceux qui squattent la parole dans ce pays. Des hommes politiques aux intellectuels en passant, et c'est un comble, par les journalistes, tous ont usés et abusés de cet adjectif dans leurs commentaires des évènements de Clichy-sous-Bois.

L'effet d'amalgame est évident et peu flatteur pour les "jeunes",qui à mon avis n'ont pas de leçon à recevoir des "vieux" qui les observent! Beaucoup plus intéressant est de tenter de comprendre pourquoi des personnes à priori intelligentes et cultivées s'obstinent avec acharnement à entretenir la confusion! Je crains malheureusement que les "vieux" (a priori ils ne font pas partie de la catégorie des "jeunes"!) n'aient pour la plupart quelques intentions, pas toujours louables, cachées.

Les hommes politiques, essentiellement de l'opposition curieusement, semblent trouver un malin plaisir à en rajouter. Il faut dire que dans notre modèle de démocratie, dont nous nous gargarisons, toutes les occasions sont bonnes pour enfoncer la majorité et la démagogie reste un sport à la mode. Le plus curieux de cette attitude irresponsable, dans la situation qui nous intéresse, c'est qu'elle contribue grandement à affaiblir l'autorité de l'Etat et que ceux qui la cultivent, scient avec allégresse la branche sur laquelle ils rêvent de s'asseoir!

Les "intellectuels" ne sont pas en reste! Accordons leurs au moins l'excuse de ne viser d'autre ambition que de jouer leur rôle, même si l'avènement du "politiquement correct", me semble t'il, l'a considérablement limité.

Il y a enfin les médias, qui scoop oblige, ne mesurent pas toujours la portée des mots et c'est extrêmement regrettable, ou s'appliquent à entretenir les rivalités et la dramatisation afin de ne pas tarrir la source de leur fond de commerce.

Les désordres de Clichy-sous-Bois ne sont pas de la responsabilités des "jeunes". Quelque soit le sentiment légitime de révolte de tout un chacun devant l'absurdité de ce drame, rien ne justifie les dégradations commises depuis plusieurs jours et dont les principales victimes sont...les habitants des cités concernées! De là à en déduire qu'une fois encore, des voyous, jeunes ou moins jeunes, exploitent sans vergogne la situation, il n'y a qu'un pas. Et que faut il penser de la relative indifférence engendrée par le tabassage et la mort d'un pauvre photographe!?